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Clôture à l’IGGEP d’un séminaire sur la science politique « nonkilling » : une voie nouvelle pour la paix durable en Haïti.

ActualitésPublie le: 23-Jul-2025

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Par Jonathan Méus,

Jacmel, 19 Juillet 2025 - L'Institut de Gestion, de Gouvernance et des Études Politiques (IGGEP), en partenariat avec le Center for Global Nonkilling (CGNK), a clôturé ce samedi un séminaire inédit autour de la science politique nonkilling, de la paix et de la non-violence. Cette formation, articulée en trois sessions intensives, a réuni plusieurs dizaines d’étudiantes et d’étudiants venus de différentes régions du pays, notamment du Sud, de l’Ouest, du Nord et du Sud-Est. Elle a également mobilisé des chercheurs et des leaders communautaires intéressés par des approches alternatives en gouvernance et en transformation sociale.


La cérémonie de clôture s’est déroulée en présence de personnalités de renom, telles que le Dr Bill (Balwant) Bhaneja, ancien diplomate canadien et promoteur du paradigme du nonkilling ; le professeur Dr Gracien Jean, ministre délégué chargé des questions électorales et constitutionnelles ; la Dre Katyayani Singh, secrétaire générale du CGNK et professeure des universités ; la Dre Kim Thompson, PDG d’Equity Bank Bahamas Limited ; ainsi que le Dr Deus Deronneth, président du conseil d'administration de l’IGGEP.


Dans son allocution, le Dr Bhaneja a retracé l’héritage de la pensée politique classique, en rappelant que « depuis l’Antiquité gréco-romaine jusqu’aux penseurs modernes comme Hobbes ou Weber, la violence a été acceptée comme instrument légitime du pouvoir ». Il a plaidé pour une refondation éthique de la discipline : « La science politique du XXIe siècle doit reposer sur la reconnaissance du droit à la vie comme principe fondamental, même avant la démocratie. Le nonkilling n’est pas une utopie : c’est une nécessité. »


Le ministre Gracien Jean a, de son côté, salué cette initiative innovante qui ouvre la voie à une politique fondée non pas sur la confrontation ou l’exclusion, mais sur la coexistence pacifique et le respect de la vie. « Une politique non-killing, c’est une politique de vie, de dialogue et de justice », a-t-il affirmé.


Le Dr Roland Joseph, professeur à temps partiel à l’IGGEP, initiateur et principal formateur du séminaire, a insisté sur l’urgence d’un changement de paradigme. Selon lui, la crise actuelle en Haïti est le produit d’une culture politique marquée par la légitimation de la violence depuis plus de deux siècles. « La violence des groupes armés que nous subissons aujourd’hui est l’expression d’une violence structurelle plus ancienne, institutionnalisée dans les fondements mêmes de notre système politique. Le paradigme nonkilling offre une véritable alternative pour sortir le pays de cette spirale. Il est impératif de multiplier ce type de formation dans tous les secteurs de la société pour transformer durablement Haïti. »


Le Dr Deus Deronneth a réaffirmé, pour sa part, sa volonté de faire de l’IGGEP un espace de référence pour la formation en science politique nonkilling, plaçant la vie humaine — et en particulier celle de chaque citoyen haïtien — au cœur des décisions publiques.


Dans la foulée de cette initiative, une nouvelle structure académique a vu le jour : le Centre Caribéen pour le Nonkilling, la Paix et les Études sur les Conflits (CNPCS). Ce centre, rattaché à l’IGGEP, a pour vocation de promouvoir les valeurs du nonkilling, de la non-violence et de la paix, par la recherche, la formation et l’engagement citoyen. De nombreux étudiants y sont déjà impliqués, sous la direction du Dr Roland Joseph, fondateur et directeur exécutif du CNPCS.